VIII. Disciplines et principes qui ont inspiré la sophrologie

Lecture d’ouvrages scientifiques, voyages et séjours au sein de communautés philosophiques, rencontres de scientifiques renommés, le Professeur A. CAYCEDO en arrive à un mixage d’éléments essentiels nécessaires à cette nouvelle discipline qu’est la sophrologie.

Reprenons en détail l’intégration de ces principes…

1 – GRECE ANTIQUE :

HIPPOCRATE
* L’observation clinique
* La théorie des humeurs
* La médecine et la chirurgie avec GALIEN
* L’anatomie

PLATON
* Le discours basé sur la raison
* Le terpnos Logos conduisant au sophrôsuné (sagesse-mesure/modération; état équilibre entre corporel et affectif-intellectuel) différend de la sophia (sagesse-savoir)
* Les premiers traitements par les « belles paroles »
* L’ontologie (qui relève de l’être indivisible)
* La psychothérapie verbale

ARISTOTE
* Apportera la logique
* le discours sur des propositions – la compréhension

DIVERSES ECOLES GRECQUES =
* Les divers mouvements : Sophistes – Stoïciens – Cyniques – Epicuriens mais surtout…
* Les Septiques avec l’Epoké qui est la suspension du jugement , « Nous ne nions rien, nous n’établissons rien »

2 – ORIENT :

YOGA (Littéralement « entraînement » en Sanscrit….)
Les lois de l’entraînement
Les Kundalini (serpents lovés : l’énergie cosmique et l’énergie de la conscience)
La dualité entre les 2 Nadi (canaux psychiques de l’énergie) : Droite = lunaire ; Gauche = solaire
Les dualités telles inspiration – expiration, extension – contraction, etc.
L’Espace illimité
La Conscience illimitée
La Concentration
La Contemplation
La Méditation
Les propreté, souffle et stabilité

ZEN : Ceux du TIBET et du JAPON
La Respiration
La Marche
L’Importance de l’attitude
Le Centre de gravité (Hara, 2 cm sous l’ombilic, énergie du corps naturel)
La Respiration abdominale (bas-ventre) et son balancement diaphragmatique
La Méditation : ni penser, ni dormir ( état sub-liminal)

3 – HYPNOSE :

MESMER (1734 – 1815)
Sur le magnétisme animal (terme employé à l’époque celui d’hypnose n’existant pas…). Interdit par Louis XVI car l’expérience entraînait l’hystérie.

DELEUZE :
Premier critiqueur du magnétisme.

PUYSEGUR :
Etudie le somnambulisme en 1784.

Abbé de FARIA :
Prêtre portugais – Brahmine revenant d’ Inde : critique du magnétisme

Du POTET :
Publie les Premières Interventions Chirurgicales sous « Sommeil Magnétique » (sans anesthésie) en 1821 à l’Hôtel Dieu à PARIS. Relance la polémique du magnétisme en 1826.

LAFONTAINE (1803 – 1892)
Artiste de théâtre qui influencera les travaux de BRAID

JAMES BRAID (1860)
Chirurgien anglais qui propose le mot hypnosis qu’il crée pour toute production d’un sommeil artificiel suivi d’une perte de mémoire. Il développera la suggestion, travaillera à partir d’un point brillant.

CHARCOT (1878)
En fit une vraie science à la Salpêtrière à PARIS. Il décrivit les signes cliniques des états hypnotiques, décrivit la similitude entre hystérie et grande hypnose. Freud vient étudier chez lui.

LIEBAULT et BERNHEIM (1866 – 1883) de l’école de NANCY
Pratique l’hypnose sur sujets sains.
L’hypnose est due à la suggestibilité.
La psychothérapie est suggestive pendant le sommeil provoqué.

J.H. SCHULTZ :
Créera une technique de relaxation faisant appel à la suggestibilité :  le Training Autogène 1er et 2ème degré

BETCHEREV et PAVLOV :
En font un moyen thérapeutique.

ERICKSON +++ :
Crée une hypnose moderne, moins incisive, s’opposant ainsi à celle de CHERTOK qui était relativement brutale

CAYCEDO :
Neurologue, Psychiatre, Psychothérapeute, Neurophysiologiste, l’associe dans la composition de la sophrologie

4 – RELAXATION :

JACOBSON :
La technique se base sur une prise de conscience des contractions et  relâchements musculaires.

Et dans cet esprit, nous trouverons :
* Relaxation progressive de JACOBSON
* Relaxation différentielle de JARREAU
* Training compensé d’AIGINGER

SCHULTZ :
Relaxation à point de départ mental
Psychologie du relâchement physiologique

Dans cet esprit :
* Le training autogène de SCHULTZ 1er et 2ème degrés
* La rééducation psychotonique d’ AJURIAGUERRA
* La relaxation à sens psychanalytique de SAPIR
* L’hypnose active de KRECHNER

La sophrologie utilisera plus volontiers le JACOBSON avec un travail plus accentué sur la respiration.

L’être présent vit relaxé dans une tridimension temporelle :
* Le passé (qui est heureux)
* Le présent (qui est serein)
* Le futur (projet harmonieux)

5 – PHILOSOPHIE ET PHENOMENOLOGIE (courant philosophique) :
Sur le plan philosophique, on fera souvent allusion à la fameuse « Caverne de Platon » (La République) où l’homme y est prostré au fond, dans le noir, craintif, seul… Au fur et à mesure de son évolution, celui-ci se rapprochera de l’entrée, vers la lumière, confiant et communiquant.

Le terme phénoménologie est utilisé pour la première fois par LAMBERT en 1764, logicien allemand (« théorie de la connaissance »).

C’est l’étude d’un groupe de phénomènes tels qu’ils apparaissent dans l’expérience qu’on a (sans jugement de valeurs etc.).

Reportons-nous aux grands courants définis par les phénoménologues suivants :

HEGEL (1770 – 1831)
dont les principaux concepts sont : Connaissance de la Connaissance.

1) Conscience comme savoir du Monde : la conscience qui s’éveille découvre le monde
2) Conscience de Soi : les consciences de soi s’opposent et l’une finit par dominer l’autre. (théorie du dominant/dominé).
3) Conscience comme « savoir de la pensée » : la conscience de soi devenue raison.

HUSSERL (1859 – 1938)
Né en Moravie – Mathématicien – Docteur ès Sciences, Philosophe, Phénoménologue moderne descartien :

1) Doute méthodique : Devant toute incertitude ou chose non démontrée
2) Négation systématique : Devant toute chose douteuse
3) Admet la force de l’évidence : « Ego Cogito, je pense donc je suis »

« Le méditant ne retient que lui-même, il ne peut être supprimé même si le monde n’existe pas. »

Elève de BRENTANO, il est le vrai fondateur de la phénoménologie. Il apporte aux philosophes les bases scientifiques (n’oublions pas qu’il est mathématicien).

Pour HUSSERL, la phénoménologie c’est :

« La science de la conscience, de l’existence« 

La conscience, c’est l’Essence (12) de l’être humain qui le caractérise. « Le malade qui perd sa conscience, c’est une plante verte » dirait Pierre GUIRCHOUN (docteur en médecine et psychologie, sophrologue)…

HUSSERL critique positivement la méthode cartésienne et de ce fait, conduit à la réduction phénoménologique du concept fondamental en sophrologie, c’est à dire :

La réduction des pensées et sentiments souvent négatifs pour les vivre d’une autre manière, ce qui est tout-à-fait différent de l’utopie où l’on rendrait tout positif (image positive ou la pensée magique, sophrologues « cui-cui » comme dirait le Professeur A. CAYCEDO.

Cette réduction comprend 3 étapes :

1) Le retour à la chose elle-même (intentionnalité) :
Cela marque une intention résolue, une volonté inscrite dans une direction précise par laquelle la conscience va devenir « conscience de… » – profondément – « La conscience est toujours conscience de quelque chose« .

En sophrologie,  nous donnons par exemple une intention aux entraînements.

2) La suspension de tout jugement (Epoké)
Regarder le phénomène comme si c’était la première fois.
Regard de l’enfant qui découvre le monde mais avec une conscience d’adulte.
C’est « ne pas avoir en poche » l’idée qui va me satisfaire.

3) La mise entre parenthèses :
Dans l’analyse intentionnelle, il existe 3 types de relations :

a) Relation réaliste : Le sujet capte les caractéristiques de l’objet
b) Relation idéaliste : Le sujet se projette sur l’objet
c) Relation d’HUSSERL : Le sujet est responsable, de par sa volonté, du phénomène et permet que chacun – sujet comme objet – participe d’une certaine intentionnalité (conscience de …)

L’intuition des essences (la réduction des essences aussi nommée éidique)

Intuition : Connaissance immédiate d’un phénomène. C’est différent de la connaissance qui aborde le phénomène par raisonnement et discours.
Essence : Entité universelle, structure dernière sans laquelle l’Etre ne peut pas être.

C’est aller à l’essentiel par une vision directe des valeurs positives du phénomène.

Le concept phénoménologique va au-delà des niveaux sensitifs  et intellectuels : par exemple la vision – la perception (exemple : l’observation d’une bouteille de verre rappelle la fonte du sable venant de la mer qui rappelle certains peuples et donc leur culture, etc).

La réduction transcendantale, c’est-à-dire le Moi pur :
L’expérience et la connaissance viennent de moi, de ma « conscience de … »
Toute chose appréhendée est un « cogitum » de ma pensée

(12) ESSENCE = Entité universelle, sorte de structure dernière sans laquelle l’être ne peut pas être

MERLEAU – PONTY (1908 – 1961)
« Nous sommes amenés à découvrir comme si c’était la première fois »
Publie sur  la phénoménologie de la perception
Nous guide vers une reconnaissance de l’espace comme « original et non limité à une géométrie »

HEIDEGGER (1889 – 1976) :
Fondateur de la dimension existentielle dans la phénoménologie. Il sera l’élève de HUSSERL en 1936 mais sera plus écouté que lui.

* Concept de l’Etre : qui est  l’être concret qui existe, irréductible et indissociable

* Concept de l’Etant : tout ce qui représente les possibilités de vie, les possibilités existentielles de l’être.

L’homme (l’être), doté du pouvoir de méditation et de se questionner, a une dette envers l’Etre dont il est le seul gardien. Les Allemands créeront un mot pour définir cet  homme, un mot peut traductible en Français : Dasein.
La thérapie existentielle issue de cette philosophie s’appellera Daseinanalyse (13).

1) Soit il oublie la question de l’être (homme), celle qu’il devrait se poser :
Il ne s’interroge donc pas sur son existence d’être-pour-la-mort. Il est inauthentique. C’est la conscience ordinaire.

2) Soit il s’interroge :
Il vit dans sa temporalité
Il se questionne ici et maintenant
Il s’angoisse et devient apte à saisir l’Etant. C’est la conscience supérieure dite sophronique.

BINSWANGER (1881- 1966)
Psychiatre suisse – Très HUSSERLIEN
Il libère les malades psychiatriques enfermés dans des cellules pour un espace surveillé mais convivial : parcs, jardins
Il remarque que toutes les sciences s’occupent du symptôme et non de l’être malade
Il forme FREUND – YUNG – BLEVER et CAYCEDO pour un travail sur la conscience.
Il apporte à l’être son présent et crée l’analyse existentielle (Daseinanalyse (13)

EN CONCLUSION :
La phénoménologie sera une nouvelle manière de penser, principe essentiel de la sophrologie

–          En Médecine = médecine existentielle
–          En Prophylaxie : elle ouvre l’être humain à un dépassement de lui-même.

(13) Daseinanlyse : analyse thérapeutique des problèmes de l’existence par la « psychologie des profondeurs ». Analyse existentielle qui part d’une réflexion philosophique (Brentano, Biswanger, Husserl, Heidegger).
  • Le sujet est d’abord étudié dans son Moi : ses valeurs propres, ses relations.
  • Il est ensuite étudié dans son mouvement propre : c.à.d. sa manière de s’insérer dans le monde.
  • Enfin, il est étudié dans son ouverture sur le monde : c.à.d. ses perspectives et ses projets vitaux.

6 – NEUROPHYSIOLOGIE :

1) Rappel rapide de l’Electro-EncéphaloGramme (EEG) :

Pour les non-initiés, le tracé EEG révèle des ondes différentes selon les stades de sommeil et de vigilance, et/ou selon certains états pathologiques.

Ces ondes seront larges ou étroites et seront donc, pour être référencées, exprimées en cycles par seconde (c/s).

Elles seront différentes en hauteur selon leur type et exprimées, pour référence, en micro-volts(µv).

On parlera de « rythmes » pour évoquer des ondes caractéristiques basées sur leur largeur et leur hauteur.

Chaque « série » d’électrodes placées sur le crâne étudiera une partie du cerveau.

L’EEG comporte souvent, en parallèle, une analyse musculaire – électromyogramme (EMG) – et électrocardiogramme (ECG).

Des stimuli peuvent être appliqués par le physiologiste pour analyser certaines réactions (flashes lumineux, bruit, etc.)

* Rythme Delta =               Sommeil profond
grande amplitude 100 µv – ondes larges
rythme de 1 à 3 c/s (cycles/seconde)
augmentation avec souffrance et hyperpnée

* Rythme Théta =              Sommeil léger
physiologique dans les aires pariétales et temporales
petite amplitude 10 µv
rythme de 4 à 7 c/s

* Rythme Alpha =              Veille calme
physiologique dans les aires occipitales et pariéto-occipitales moyenne amplitude 50 µv
rythme de 8 à 13 c/s
augmentation avec activité visuelle ou mentale

* Rythme Beta =                Eveil – Veille attentive
petite amplitude 10 µv
rythme de 14 à 30 c/s

2) Rappel des stades de la vigilance et du sommeil et de leur interprétation EEG ; par ordre…

Le travail sophrologique se fera en état subliminal (comme disent les orientaux « ni penser, ni dormir »).

Nous travaillerons sur un corps  entièrement relaxé, détendu, toutes les contraintes musculaires envolées, le cerveau libéré de toute pensée. Nous pourrons nous arrêter à ce stade « aux portes mêmes du sommeil, la conscience claire » comme simple relaxation, ou profiter de cet état pour travailler certaines techniques thérapiques adaptées aux problèmes du patient.

3) Electrophysiologie du sommeil :

Sommeil type I (endormissement) :
Le rythme EEG ralentit
L’activité musculaire périphérique disparait
Le tonus musculaire persiste
Les mouvements oculaires sont lents

Sommeil type II (léger) :
Le rythme Théta domine avec des ondes supplémentaires (appelés des K complex et des fuseaux)
Les stimuli auditifs procurent des ondes supplémentaires
Le tonus musculaire persiste
Les mouvements oculaires disparaissent

• Sommeil type III (normal) :
Le rythme ralentit
Les ondes sont plus amples, passent  en rythme Delta (4 c/s) pour 20 à 50 % du tracé

Sommeil type IV (profond) :
Le rythme est identique à celui de type III pour >50 % du tracé
Disparition des « K-complex » et des fuseaux (spindles)
Tonus musculaire aboli – les yeux sont stable

Sommeil type V (paradoxal) :
Il survient après une phase de sommeil lent et par séquences
Ce sommeil comporte deux types de phénomènes : tonique et phasique
Il est indispensable à la survie (son déséquilibre entraîne des hallucinations)
Sommeil lent + sommeil paradoxal tournent par cycles de 90 à 100 mn chez l’adulte

Les éléments toniques persistent durant toute la durée du sommeil paradoxal

L’EEG présente un rythme Béta (14 à 30 c/s à 10 µv) c.à.d. un aspect d’éveil
Désynchronisation de l’éveil
Atonie musculaire totale

Les phénomènes phasiques présenteront :
Mouvements oculaires rapides, isolés, en bouffées
Secousses musculaires brèves.

 

7 – PSYCHIATRIE
8 – PSYCHOLOGIE

Se référer aux ouvrages universitaires et de formation dans ces deux domaines.